La Croisière Verte le retour

intro croisiere Un remake en petit comité de la mythique croisière verte. Aout 2015L’ineffable JMB, maitre d’oeuvre du projet, effectue actuellement les recos en solo. Après s’être ressourcé chez son abominable confrère des Alpes et un petit saut à Auroux, il est reparti dans sa soue mobile , armé de sa KTM reconnaitre les chemins creux de notre douce France profonde . des news prochainement sur ce méga coup de brel dès que jmb aura trouvé un accès internet et à condition qu’il soit encore vivant bien sûr !


reçu çà du jmb, bonne lecture :"Salut Didier, voici de la prose pour alimenter la page sur ton site."

Les poireaux du jardin vous proposent ce road book des reconnaissances de la Croisiere Verte. Pour les abrutis de naissance, les cross men mono-neuronaux, et ceux qui sont nés après 1980, la première édition de la Croisiere Verte a été organisée en juin 1979 par Thierry Sabine entre Le Touquet et Nice. Après le succès de l’enduro du Touquet, et comme un rodage de son organisation future du rallye Paris Dakar, cette traversée de la France par les chemins à existé jusqu’en 1983, remplacée cette année là par le Paris Biarritz. Si vous rencontrez Hubert Auriol, demandez lui : à cette époque il était encore possible d’organiser une spéciale artificielle avec des tremplins en rondins de bois au milieu du parc de Bagatelle dans le bois de Boulogne. Hubert a fait 80 km avec son Husky 4 temps avant que l’allumage électronique ne rende l’âme. ... La Croisiere Verte est devenue un mythe. Neveu, le regretté Pineau, Tcherniavski le père, Micou Montange de Moto Journal, l’abominable Jef Dunac de TF1, Fenouil, Gregoire Verhaeghe, un motard d’Europe 1 avec une 500 XT orange, les filles Martin Regnier De Cortanze, le cross man Boisgontier sur une DTMX, et des tas de pèlerins anonymes se sont inscrits sans réfléchir pour cette aventure. Il y avait également deux enduristes normands, descendant aux vérifications techniques d’une betailliere qui leur servait de camping car odoriférant, 2 Husqvarna munies chacune d’un énorme silencieux additionnel pour passer le contrôle sonore. Souvenons nous enfin d’une Portal Ranger 250 qui allait assez vite çracher son huile par le distributeur rotatif aimablement rebaptisé "coupe-jambon" et de la 500 HL de Gilles Comte, glorieux deuxième du premier Côte d’Ivoire Coté d’Azur, mais c’est une autre histoire. Votre serviteur était lui au guidon d’une 250 XL grise 4 soupapes très bien préparée : un pneu cross et les clignotants démontés. (Et un pneu de cross de rechange dans le coffre de l’Ami 6 de l’assistance d’un concurrent). La plupart d’entre nous n’avaient pas je répète n’avaient pas d’assistance, pouvez vous le croire ? On a même dormi dans un parking souterrain à Clermont Ferrand ! Merci Boisgontier... Le génie de Sabine avait été de mettre dans sa poche les militaires du train. Ils ont effectué un balisage de démons, en jeep ou en Cagiva pourries, pour la première fois on utilisait de la rubalise blanche et orange, qui pouvait passer pour des repères installés par la DDE... Autre idée géniale, utiliser les compétences d’un motard du Touquet, pour effectuer l’hiver précédent, les reconnaissances du tracé, du Touquet à Reims, Dijon, Bourg en Bresse, Clermont Ferrand, Aubenas, Manosque, Nice. Le garçon en question monomaniaque de la carte IGN au 1/50000 ème, sera le traceur officiel de TSO un bout de temps. Souvenez vous qu’à cette époque bénie on pouvait traverser en moto les forêts domaniales, il suffisait d’une seule autorisation préfectorale par département, et l’appui de l’armée de terre, dont la hiérarchie était charmée de servir enfin à autre chose que de briser les grèves des éboueurs, dans son vrai domaine compétence sur le terrain, à certainement aidé à la réussite du projet. Et pour en remettre une bonne petite couche, l’armée avait engagé dans l’épreuve un compétiteur formidable, spécialiste des rallyes et autres coupes de l’armistice, Bernard Neimer, qui va gagner cette première editition. Soyons complets : la France Télévision de l’époque, dans un journal présenté par Jean Marie Cavada, avait consacré un sujet de plusieurs minutes ( vous pouvez le louer à l’INA) sur cette bande de joyeux dingues qui allait se crotter sur 1800 km de chemins et 3 km de route, pendant que les vacanciers allaient s’entasser sur les autoroutes des vacances. Wouaf ! 36 ans plus tard je repose mes tétines de poireau du jardin inepte et inapte dans mes propres traces pour me confronter avec le réel, dans un monde qui rejette le tout-terrain, mais n’a pas encore osé (dangereux électoralement) l’interdire tout à fait. Pour voir ce qui a changé, risquer de faire de sublimes découvertes, arpenter la carte, essayer de passer coûte que coûte, contre les employés armés et assermentés de l’Office National des Forêts, les gendarmes chasseurs de crânes, les énarques pondeurs de décrets inapplicables.... On verra bien. Vendredi 7 août Le camping du Touquet voulait mon passeport et prendre une empreinte électronique, une somme forfaitaire pour la nuit. Mais surtout prétendait m’enfermer moi, mon camion et ma moto, jusqu’à 9 heures du matin :" Vous comprenez c’est pour votre sécurité et votre tranquillité." Ouiche mais moi le premier chemin c’est à 7 heures...donc me voici à Jofre sur mer, sur un emplacement herbeux fraîchement tondu ( merci à la municipalité) pour un petit camping sauvage. Corvée de bois, un bon petit feu, mon fauteuil pliant, ma cantine en fer et mon butagaz, c’est qui le roi ? Je m’endors sous les étoiles à la belle, dans mon duvet bien chaud. Le réveil à 05h30 début août je vous le conseille, c’est vraiment trop bien. La brume stagne autour de mon campement, mais le ciel est bien clair, la journée sera belle. A 0630 j’ai tout rangé et je démarre Miss Cathy M. Petite parenthèse : de mes années 90 le souvenir d’une belle autrichienne 2T qui avait championne de France l’année d’avant dans les mains de mon copain Bernard (champion de France de vitesse en 500) m’avait laissé perplexe. Moteur puissant mais maintenance infernale. Et puis on me l’avait volé dans mon garage...Mais cette EXCF deux et demi avec le démarreur a tout bon. Elle démarre, elle enroule, elle a du coffre, elle se place, elle tient le chemin rapide, bref elle saura faire tout ce que je n’ai jamais été foutu de faire correctement avec mon pilotage de cyclomotoriste approximatif. On y va ? Je retourne devant le Casino du Touquet, désert, et j’enroule les premiers kilomètres. Et les premiers jardinages débutent ! Il faut que je vous explique que depuis 40 ans je randonne avec cartes papier et porte carte. Les meilleures cartes, la série orange au 1/50000 de l’IGN sont épuisées, et ne sont plus en vente qu’à la cartothèque de l’IGN à Saint Mandé, et encore, soyons jargonnants" jusqu’à épuisements du reliquat du stock" Ne cherchez plus la 2924 Epinac, ou Gevrey Chambertin....un de ces jours je vais passer au GPS, c’est pour bientôt bientôt. Donc ces cartes très précises réclament un soin au détail de chercheur japonais. Au bout d’une heure j’ai dérouillé mon système neuronal. Et ça va mieux. Sauf que le chemin se termine devant un portail visiblement fermé depuis de nombreuses années. Premier délestage, sur une piste forestière en remontant à sens inverse le long de l’autoroute. La gueule des camionneurs ! Ce sont des grands chemins rectilignes le long de coteaux et plongeant dans des vallées. Le choc c’est le nombre de cimetières militaires que l’on rencontre. Tous les deux kilomètres, des soldats néozélandais, britanniques, indiens sont couchés là. On retrouve du sentier de grande randonnée, on le quitte, au gré du cap à suivre. Des bois aussi, avec de grosses ornières de 4x4. Et puis soudain sous un pont, une ancienne voie ferrée. Il faut revenir sur ses pas, jusqu’à l’ancienne gare, pour se glisser dans la trouée verte. Plus de remblai, de traverses, de rails, mais un sentie envahi de rejaillons. Et hop on débouche sur la départementale. Albert, Peronne, et à nouveau ces grandes plaines de Charles Peguy, la lourde nappe, et l’océan des blés...pas de camping, je trouve entre Saint Quentin et Guise un village tout en longueur. A la sortie, une venelle, un chemin et les champs tout autour. Parfait. Je reprends à l’envers tout le parcours pour retrouver le camion, en tachant toujours de prendre les plus petites routes, les routes à 4 grammes comme disent les habitués des bistrots. 100 km dans un sens autant dans l’autre. Et c’est reparti jusqu’à mon village oublié. Je m’installe le soir descend calmement, paisible. Sauf que c’est le moment que choisit le gendarme du coin pour se pointer, l’air tout à fait chafouin et suspicieux. Contrôle d’identité, je me garde bien de lui expliquer ce que je fais, de crainte qu’il ne comprenne de travers. Nuit calme mais orageuse au matin. Samedi 8 août Je me suis réveillé en retard. Vite vite le café, descendre la moto, s’habiller, les bottes, le casque, les gants c’est parti. Encore de grands chemins, des voies ferrées mues en sentiers de randonnée, des pistes de VTT, pas encore une seule forêt domaniale. J’essaye au fur et à mesure que le soleil me réchauffe, de m’appliquer, appuyes sur le cale pieds intérieur, freinés à la limite du blocage, pars en glissade, relèves toi. Mais c’est un peu tard pour progresser. Je me suis fixé comme objectif d’arriver il il fut donc éviter les figures de style et de domptage, préparer les descentes, ne pas s’embarquer, ne pas tomber. Il pleut, je dois éviter de mouiller les cartes, mais depuis que je randonne, je n’ai jamais trouvé de porte-cartes véritablement étanche. Attention à la buée dans le masque. Explication : depuis mes opération de la cataracte, j’ai 2 implants cristallins et une vision parfaite de loin. Mais pour lire la carte j’ai toujours besoin de mes loupes de lecture. Je les porte sous le masque, au bout du nez. Pas très esthétique, mais drôlement opérationnel !! Dimanche 9 août Habituellement je ne roule pas, le dimanche, mais je dois avancer. Ce qui a vraiment changé depuis nos temps préhistoriques, c’est la présence partout, dans les moindres petits bourgs, de stations service automatique. Avant on notait soigneusement sur la carte ESS pour ne pas rater les ravitaillements. Désormais on peut rouler plus de 130 bornes sans se faire de mouron. Les chemins sont rectilignes, la poussière envahit tout. Il y a de la moissonneuse batteuse géante et des tracteurs de plus de 20 tonnes conduits par des adolescents un peu partout. Le contraste est saisissant avec les villages traversés, complètement déserts....je passe le canal des Ardennes Asfeld, et je descend vers Reims. Le paysage change peu à peu. J’arrive à Mourmelon le grand. Je charge et je me dirige plus loin vers Doulevant le château et son fameux camping municipal de 15 emplacements. Mes voisins sont anglais, hollandais, allemands. Je m’endors comme une masse. Lundi 10 août Ce matin aux roches au dessus de Bouilland, mon camping sauvage sur le coteau prend des teintes miraculeuses. Pas de pluie. Le réveil a sonné à 5h30 et j’ai fait le meilleur café du monde. J’ai de l’essence, les niveaux faits, chaîne tendue graissée nettoyée, les cartes dans le porte-cartes. Aujourd’hui je remonte sur Collonges Mery pour descendre sur Bouilland par Chevannes et Aubaine. Tout passe excepté une grimpette grasse empierrée au dessus de Bligny sur Ouche. Heureusement Gilles avait prévu une variante qui contourne la difficulté. Ensuite facile jusqu’à Clussy sur Colonne (belle colonne romaine avec Junon Minerve, Zeus, le soleil la lune et le temps en pierre taillée. ) après cela on jardine un peu dans la forêt. Il y a des barrières partout, des bauges à sanglier, des postes de tir, cela sent la chasse privée pas contente. Hop un détour par la D17et c’est reparti, par le GRP jaune Tiens tiens des traces fraîches de quad dans la boue. Ah oui faut vous dire qu’avec mes pneus rincés c’est l’adhérence de Holiday on Ice sans les patins. Arrivé à Nolay je change de carte, tiens c’est la 2926 Montceau les mines où est donc passée ma 2925 Le creusot ? oubliée dans la camion. Il est midi 6 heures de brèle c’est bien, je retourne par la D33 au camion à Bouilland. Une fois décrassé, changé, moto chargée, je repars vers Le Creusot. En fait il n’y a pas de camping municipal, donc je me rabat sur Couches c’est bien trouvé pour une nuit non ? Entretemps j’ai passé Kathy M au karcher et on peut dire qu’elle aime ça !! Les pneus sont nazes, la transmission est usée, les plaquettes avant ça ira encore quelques jours. Faut vraiment trouver une solution mais un agent KTM en août, ça ça va être dur ! Peut être que Didier aura une solution. J’ai l’intention ferme d’aller passer le week end ou au moins le Dimanche à Auroux pour l’enduro des anciennes. Le camping de Couches est complètement désert début août, il fait moche faut dire, pourtant je vois plein de camping cars de caravanes et de bikers sur les petites routes qui croisent mes chemins. La gardienne est gentille et n’a pas inventé l’eau chaude mais elle s’en fout. Du moment qu’il y en a de l’eau chaude pour ma douche de soir ce...En ce moment je dors dans le camion bien au sec, la moto attachée au trafic. Je crois que je vais continuer comme ça, à rouler le matin tôt, pour éviter les mauvaises rencontres, et buller devant ma boîte à outils l’après midi. C’est une existence très paisible que celle du traceur, très satisfaisante aussi. Chaque entrée de chemin et chaque sortie stop. On pointe sur la carte ce qui passe, le dur, le très dur, les raccourcis, les variantes, les contournements de Natura 2000, finalement il y en a pas tant que cela. On porte des indications OK, dada, GR 7 ou GR Y (yellow) gué, pont vermoulu, NON,etc.... Et puis il faut impérativement rouler doucement, interdit de tomber et de se faire mal. Il faut aussi avoir du flair. Un chemin qui descend très vite et pentu, stop. Continues à pied, 100 pu 200 m pour éviter par exemple le piège mortel de la cuvette encaissée tu y descend, c’est bien gras, et de l’autre côté c’est inmontable tout aussi gras et caillouteux avec des dalles mouillées. Parfois la chance, tu peux faire de la peau de phoque en faisant des Z dans la pente et finir par passer mais parfois t’es tanké à mort pour un bout de temps. Les cartes sont fragiles. Et les cartes au 1/50000 série orange sont épuisées. Seule la cartothèque de l’IGN à Saint Mandé en possède que l’on te vend, mais jusqu’à épuisement du reliquat. gaffe donc. Le mieux sera de faire des photocopies en A3 des parties de cartes utiles et d’y recopier le tracé surligné. Parce que les cartes IGN n’aiment pas la pluie même dans le porte cartes chinois étanche et si bien construit de Mr et mme Decathlon. C’est marrant dès qu’on se sert d’un truc, il casse tout de suite ou il s’use prématurément que fais tu Mondebourg ? Bon j’en ai deux de rechange ça devrait suffire. Je voudrais un porte cartes de l’armée suisse en cuir, avec des sangles ajustables, et un gros Plexiglas bien costaud. Allez à la douche !! Lundi 17 août Reprise après Auroux. Les monts du beaujolais en trace directe par le GR7 pur bonheur. Jardinage du côté de Vadranges et Bully. Camping à Saint Just en chevalet. Mardi 18 août. Première journée de merde. Tout à commencé avec des chemins montants malaisés empierrés et de tous les côtés au soleil exposés. Et puis arrivé dans le Bois vague après avoir rencontré des enduristes et quadeurs, le bois est privatisé et clôturé. De plus une emprise de la société des eaux protège les eaux de captage de la montagne. J’ai passé plus d’une heure à marcher pour trouver le passage impossible. J’ai même trouvé des moulards comme quoi il n’y en a pas que dans le Limousin. Finalement je suis rentré au camping et piscine. Demain je sais comment régler le problème... 17eme jour mercredi 19aout J’ai trouvé la piste qui relie le GR avec la piste forestière. Me suis caillé les meules ce matin à 6h30. Après ça St Priest la prugne et le Montencel. Mais vraiment trop dur pour tous les camarades donc délestage par la petite route. Ensuite dans le bois noir j’ai du marcher 2 km2 pour repérer une sente qui montait vers la crête Pamole. Et retrouver le GR très costaud pour descendre. Ensuite plutôt facile et agréable jusqu’à Couprieres. Là mon estomac de rocker s’est limité à un cheese burger....Comme il me manque les cartes 2532 et 2533, je suis direct allé à Brioude. Demain les chemins du championnat du monde. Mais pas avant 7 h ouverture des portes du camping. Ce qui serait comique ce serait que le magasin de Delavault ancien coureur de la Croisiere Verte, soit toujours là. Bon allez maintenant saumon et concombres. Jeudi 20 août. Delavault a fermé son bouclard. Je me casse après avoir sorti le fourgon du camping, on ne sait jamais à quoi s’attendre avec les minuscules employés des camping, leur parcelle microscopique de pouvoir enfle souvent leur ego, et ils seraient prêts a ameuter contre vous la gendarmerie rien que pour se prouver qu’ils existent.... Me voici dans les chemins au nord ouest de Brioude. Mon traçé déboule des collines vers la plaine, mais comme il a 33 ans, il n’a pas enregistré que l’autoroute passe par là. Je jardine donc un petit peu, c’est normal pour un poireau du jardin, et je finis par trouver le chemin. D’un coup me voici à Saint Just près Brioude, j’en quille la montée. Flash back : en 1991, avec mon pote Gilles, on faisait Paris Cannes en autonomie complète (sac à dos tente 3 kilos, sac de couchage, zéro bouffe). Soudain une grosse branche attrape le Gilles, se coince dans son sac à dos et l’embarque soudain, lui, le sac, les bottes, et le 350 TT Yamaha dans la pente. S’il avait été tout seul ses ossements eussent blanchi au soleil de juin...le voilà coincé à mort sous la brèle, j’ai mis 5 minutes à soulever suffisamment la moto pour le dégager. Mais ce coup ci je suis seulâbre et faut pas se rater. Gast ma doué, la montée vers Lugeac, elle est pas piquée des hannetons. Les cailloux vous roulent sous les roues, embarquent la moto,,faut bien qu’elle en ait du courage la KTM pour monter en première, jusqu’au sommet. Moi y en a sioux, moi descendre la pente à pied voir si ça passe. Oui da. Remonter, souffler un coup, et voilà que cela descend un peu plus vite que prévu, moteur calé, jusqu’en bas. Les arbustes et les pierres se marrent encore de ma performance, mais moi jm’en fous j’y suis arrivé tout seul. En fait, j’ai trouvé une variante pour éviter Lugeac. Comme ça, je peux proposer un itinéraire pour les vrais hommes, et un autre pour les ramassis tremblants(faut que je surveille mon langage ces temps ci). Je vais faire 50 km sans aucune difficulté majeure, et me retrouver en fin de matinée dans les chemins de l’enduro historique d’Auroux, qui a eu lieu voici une semaine. Passé le lac de Naussac, le tracé fonce sur les terres d’un châtelain irascible qui a électrifié tous les chemins d’accès. Pas de panique le GRP du tour du lac passé sur la crête, il faut juste trouver le bon sentier qui descend plein nord vers l’Allier. Et là, au détour d’une épingle, dans la pente, le spectacle à couper le souffle. La gorge de la rivière se creuse dans une falaise blanchet et noire, tumultueuse, avec un arc-en-ciel iridescent qui monte, les volutes de chaleur. Et les campeurs, les pêcheurs, les randonneurs, ahuris de voir un motard équipé comme un chevalier du moyen âge. Je joue l’indifférence, passe le pont, enquille les premiers lacets. Merde j’ai raté l’entrée du chemin. Dans ces cas là, mes bien chers frères, soit vous vous acharnez sur place au risque de lasser votre public, soit... vous allez chercher la sortie et vous repartez à l’envers. A Freyssenet, je trouve le sentier, mais aie aie aie, c’est que cela a tout l’air de descendre vigoureusement. Tout le monde me dit mais pourquoi ça t’as pris autant de temps. Venez la prochaine fois vous comprendrez fissa. Il faut poser la moto dans un endroit stable, dépiauter le casque, le blouson les gants les lunettes, et descendre pédicus cum jambis le chemin jusqu’au départ. Ah ben oui bien sur c’était là au creux du virage à gauche. Je remonte à pied, je souffle un bon coup et c’est reparti. Assez vite je rejoins le GR et à Pradelles je fais un déjeuner en terrasse, au milieu des marcheurs. Je remonte sur ma fidèle Kathy M et je poursuis l’enfilade de chemins qui passent tantôt dans les forêts du Gevaudan, tantôt tournicotent autour de buttes, traversent un gué...j’arrive à Saugues le soir bien entamé. Mon voisin du camping est mon premier pèlerin de Saint Jacques, un allemand parti du Puy. Le GR 65 frôle mon itinéraire demain, faudra rouloter diplomatique... Vendredi 21 août. Cette fois les choses sérieuses commencent. Des le milieu de la journée, je constate l’impossibilité de courir le risque d’entrer même par la piste forestière dans cette forêt domaniale dans le secteur du partage des eaux de l’Atlantique et de la Mediterrannée. Trop risqué pénalement. Je trouve une variante, tiens cette petite route qui va à Mazan l’abbaye n’est pas sur ma carte un poil trop ancienne. Essayons. Ça marche on arrive sur le chemin qui descend direct sur Mazan l’abbaye. Je change de carte environ tous les 35 km2 en hauteur ou tous les 45 km dans la largeur, Capice ? Une fois la ma carte changée, je vois bien l’entrée du GR qui grimpe, mais bon dieu qu’est ce que ça grimpe ! Ça ne montera jamais jusque-là haut ! Ah ben si dis donc...une première poignée métallique de clôture électrique. On ouvre on passe on referme. Sur cette route forestière aucune interdiction, l’ONF n’a pas du penser qu’on pouvait monter la haut autrement qu’à pieds. Je ressors sur le sommet du Causse, et je plonge sur Fontbonne, le chemin indiqué par la jeune femme qui se refait les ongles des pieds dans la cour de la ferme descend tous droit dans la pente. Gare au toboggan ! Je ne suis pas déçu c’est très costaud. Une fois rejoint le GR c’est facile jusqu’à une petite route. Encore une qui n’était pas sur ma carte. Elle me ramène sur la D43 juste à côté du panneau ligne de partage des eaux Atlantique Mediterrannée. Je sais que je suis à moins d’un kilomètre d’un des plus morceaux de bravoure de la croisière verte. Une voie romaine qui descend en lacets jusqu’à Montpezat sur Bauzon à 3 jets de pierre de Vals les bains. Cette voie a une histoire. Le traceur fou de TSO en plein hiver 1978 tape par hasard dans un congère au bord de l’embranchement des deux routes minuscules. Sa moto bascule dans le vide et atterrit sur le début de la voie pavée. Impossible pour lui de remonter le salut c’est en bas. Gilles va passer des heures à transpirer et grelotter pour écarter la végétation. Et finit par trouver le passage. C’est un très long secteur pavé, avec des rigoles pour drainer l’eau de ruissellement. Cette voie romaine emprunte en réalité une très ancienne draire préhistorique. Je décide de descendre moteur arrêté, en roue libre. Tu parles d’une séance de marteau piqueur ! Je finis par atterrir au bord de la départementale qui va me conduire à Vals les Bains. Encore une bonne séance de moto sur la route en perspective. Nos motos d’enduro ont la fâcheuse habitude de prendre dans la roue avant du saut et du voile. Autrement dit on roule souvent avec des roues un peu carrées. Le marteau piqueur recommence, c’est lassant. Ce soir je dormirais à Lussas. Le camping est sympa et en plus il y a le festival du film documentaire et une grosse ambiance au village. À demain. Samedi 22 août. Il y a de l’eau dans l’air. Je rejoins Aubenas pour faire le plein, et je reprends la route en lacets vers Lussas. Là, dans un lacet le chemin commence et il grimpe dur d’entrée de jeu. Attention le claquage à froid ! Une fois sur le plateau le chemin file tout droit vers la N102. Ah, il faut contourner pour la reprendre dans le bon sens un km, vers Villeneuve de Berg. Et une fois de plus ça grimpe et ma parole, je vais bien finir par me retourner et finir à plat ventre. Tiens non ? Passé le Fournon, nous sommes sur une voie royale. Plus de 10 km d’un trait sur la crête en direction de St Remeze. Et voilà ça y est il repleut. J’aime mieux vous dire qu’ici, cela change d’un seul coup la donne, car le chemin est parsemé de dalles luisantes, et après deux ou trois équerres improvisées, je roule à deux à l’heure. Mais au bout de la voie, j’ai raté le bon embranchement. Je vais me taper près de 10 bornes sur la route vers les Sallelles pour le retrouver en arrière. Le sentier s’escarpit, fait des lacets sur lui même, l’horreur. La pluie est désormais bien installée. Je n’ose plus monter’ trop dur. Tant pis vérifions à pied. Au bout de trente mètres, je constate la dureté du sentier. Même des inters auraient du mal à y grimper avec l’adhérence d’aujourdhui. Imaginez une paroi rocheuse dans laquelle on a carrément taillé des marches, pour laisser le passage à un piéton. Les cale pieds, le guidon, rien ne passe. Demi tour. Je vais me tracer un délestage des familles par Lagorce et on en parlera plus. Et aussi pour une autre excellente raison. Même arrivés à descendre aux Sallelles, de l’autre côté de la route il faut prendre une piste forestière qui mène directement dans la forêt du ker une des zones natura 2000 les plus protégées de France. L’ancien président du moto club de St Marcel d’Ardeche m’a expliqué que plusieurs membres du club ont été traînés devant le TGI, condamnés avec inscription au casier judiciaire, les motos confisquées. Donc on déleste on déleste. Je finirai par retrouver le GR qui descend directement sur St Marcel d’Ardeche. Je viens tout seul avec ma KathyM de reconnaître Le Touquet Saint Marcel. La prochaine fois je vous dirais combien cela fait de km efficaces. Bonne nuit.

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