Donc, pour changer on ne parle pas de KTM ! Bon, par où commencer ? On va essayer par le début, donc comme y avait pu moyen de dormir, samedi matin vers 3h30, autant se lever, et vérifier le paquetage. Une douche , les dernières bricoles « à ne surtout pas oublier », celles qui empêchent de dormir la veille du départ… Bref à 5h00, je suis devant chez Max, on case ses affaires dans la Twingo, pour le coup chargée à bloc ! Cap au 180, pied droit sur 130/140, un œil sur le bas côté, l’autre s/ TomTom, et roule petit ! Vers 11h30 nous sommes sur zone ! Un coucou à JMO déjà sur place, on fait une tentative d’installation du barnum, mais trop de vent le bordel se transforme en cerf volant, impossible de le laisser là, dommage, la météo s’annonce chafouine. Le reste du gang est déjà en Lozère et approche doucement.. C’est pas la peine de prendre froid, autant se mettre à l’abri, au bistro ( obligé y a rin d’aut’ d’ouvert !) ! Au bout de peu de temps, tout le monde se retrouve au zinc. Il est décidé d’aller grignoter une bricole avant d’entreprendre les choses sérieuses, d’toutes façons, ma mob n’est pas arrivée . Et oui c’est ça le statut de pilote d’usine, de longues heures à attendre la livraison d’une machine neuve et immaculée, qu’on rendra usée et dégueulasse ! Donc tout le monde à la collation de type Lozère/calorique, et gastronomique ! Retour vers 14h00, la météo est franchement à chier, humide, pluvieuse et ventée, le tout à 1200 m., pour le fun ! Merde, ma fiancée, n’est toujours pas arrivée ! C’est le moment de faire des photos, petit à petit les motos arrivent, les copains aussi, on papote, l’air pur et vif de la ( quasi) montagne commence à se charger gentiment des subtiles fragrances de synthèse, accompagnées du doux murmure des 2 T , qui s’éclaircissent la voix . Ya bon, j’aime cette ambiance ! C’est paradoxal, mais au fil des années les motos bien que de plus en plus vieilles apparaissent de plus en plus propres ! Ah, ben justement voilà ma promise ! Diable elle est plus neuve que sur les photos ! Va falloir être soigneux , c’est une moto neuve ! Effectivement elle n’a que 70 kms depuis la reconstruction . Le doute m’habite, est ce bien raisonnable ? L’angoisse m’étreint ( de 08h47…) . Tiens voilà , la CG, contrôle administratif, un petit tour autour de l’église cimetière, la route est mouillée, restons cool, les freins sont OK, l’emb. OK, le truc à main droite semble être relié à du copieux , n’insistons pas, on verra demain. La moto tourne bien: pas besoin de foutre les mains dans l’essence, pas besoin de se coller les doigts sur l’acier froid des outils . Je pose les n° , la préparation est terminée, c’est ça le job de pilote d’usine ! Avant ça il a fallu faire tousser la biquette ! Déjà y a le décompresseur, ça met bien dans l’ambiance… Premières tentatives infructueuses, jusqu’à ce que le Planplan arrive sur 3 pattes, il a déjà taquiné la grosse, il m’explique la technique du coup de pied fouetté ! Il ne peut pas faire de démonstration ,sois disant pasqu’il ne veut pas abimer son plâtre … Le coup de pied fouetté, faut que je vous esplique , c’est comme un coup de pied, mais qui serait fouetté ! Ok ? C’est clair ? Bon, on noye bien la cuve, on coupe l’essence, on attrape le décompresseur, et là tel un cheval vicieux on fout un coup de botte en arrière, sur le kick qui ne s’y attend pas ! C’est subtil, ça se joue sur les 5 premiers cm. de course ! Et la grosse craque ! Elle respire bien, elle a du souffle ! La moto au parc, rdv au bistro en attendant l’apéro ! Bon, on ne va par revenir sur l’accueil Lozérien, tout à été dit, mais quand même on a beau s’habituer à tout, ça reste toujours chaleureux, organisé au poil, ça semble naturel et sans efforts, mais y a du boulôt en amont ! Soirée normale, bar, bouffe ( très bien !), y avait même un groupe folklorique local « Lou Country’ aïres » , un peu négligé par l’assemblée qui avait déjà la tête dans le guidon ( ou dans le verre…). Bref on aide à la fermeture du bar, et dodo ! Un Aspégic ( à titre préventif), et zou ! Dans le courant de la nuit, à l’occasion d’un pipi d’oiseau, je remarque un sifflement, en plus des ronflements du coach, merde ça souffle dehors ! Pas bon … Debout vers 07h30, ça se confirme : Temps de merde ! Comme hier, mais en pire ! Vers 09h00, grosse agitation autour des Vénérables, la Ducati 62 et la BM 72 . Gros succès ! Petit à petit tout le monde part, et vient mon tour. Va t elle craquer ma grosse Teutonne ? Bon, décompresseur, coup de pied fouetté, tout ça = Zob ! Par chance le départ se fait en pente, y a ka ! Une petit moitiée des machines est partie à la poussette, y a pas de honte ! Ah oui, mais avec la grosse gamelle, en 2 nd, ça passe pas ! En 3, ok ça tourne ! Premier virage, un taquin ( on sait qui c’est…) a exhumé et exposé un cadavre de moto, histoire de nous rappeler à la modestie, un peu comme dans Lucky Luke, le crane de bœuf avec les vautours sur le cactus, et la formule qui va bien avec, genre "Beaucoup sont venus et certains n’en sont pas revenus", ou un encouragement de ce style ! Bon alors, cette brèle comment ça fonctionne. On a pas été présentés, on ne se connait pas. Les commandes sont al dente, les freins fonctionnent ( au moins pour l’instant…), bref no problem ! On voit le gros travail de débroussaillage réalisé, les rochers un peu agressifs, sont barbouillés en rose fluo, ça n’empêche pas de taper, mais au moins on sait ce que c’est. J’enroule gentiment, une épingle en montée se présente, je tourne la chose là, à droite et la moto monte, elle monte même plus haut que prévu , ça doit être « l’effet 440 », va falloir en tenir compte, c’est pas une légende. On va le vérifier rapidement, au prochain bourbier, une petite rotation , et hop on passe au dessus . Ha ha ! on va rigoler ! Dans un beau bout droit, y a de la place, on va bien voir si ça cause . Ben j’ai vu ! Franchement ça marche bien cette affaire, limite toxique même ! Faut pas abuser ! On va attendre un peu histoire d’apprivoiser . Ces trucs de caractère, faut pas les vexer . doucement je m’habitue à utiliser toute ( enfin presque toute…) cette puissance disponible. De loin j’aperçois du monde, un CH ? , un contrôle passage ? Non, un troupeau de vaches, des grosses ! Les garces sont de part et d’autre de la piste et trottinent moyennement affolées, mais un peu nerveuses il me semble. Faut les doubler sans les paniquer, et sans qu’une de ces connes ne se foute sous mes roues … Gestion de crise ! accélérer sans faire du bruit, et doubler sans accrocher en milieu bovin ! Pfff ! Bon, tant bien que mal je double les laitières, je fais un coucou au cowboy zen en tracteur qui guide le troupeau, sympa il répond, cool , les meumeus sont derrière, je tire un peu de câble ! J’arrive à la première spéciale, j’enroule tranquillement, ne pas coucher la mob dans l’herbe ! Je sort de la spéciale, et d’un seul coup sur la route, elle s’arrête ! Déjà ! Mais j’ai pas vu la descente Dugesclin ! Ca doit être la bougie, c’est toujours la bougie ! Je change cette putain de bougie, coup de pied fouetté, et fume ! Elle ne part pas ! Merde ! Bon voilà 2 St . Bernard qui arrivent , dont l’un plus clairvoyant que l’autre me demande si c’est normal que le carbu pende au bout du câble ? Bon, bin, finalement ce n’est peut être pas la bougie… Décompresseur, coup de pied fouetté, et crac elle souffle ! Y a bon , à nous Duguesclin ! Donc cette fameuse descente, pas infaisable, mais à considérer avec modestie, ne pas hésiter à poser un pied ou deux, accompagner le mouvement de la moto, avec les mains, on peu lâcher les gaz y en a pu trop besoin. Arrivé en bas, la mob calée dans la descente ne repart plus malgré une jolie séance de coups de pied fouettés . De moins en moins fouettés, je dois l’avouer. Les St Bernard arrivent, et avec l’aide d’un Marshall, ils me redémarrent la pépette capricieuse pendant que je cherche mon second souffle ( mais où il est ???) . Rdv sur la route pas loin pour une petite séance de mécanique, le kick se barre. Ca vaut combien un kick de Maïco de nos jours ? Hein ? Et puis déjà avec le kick, elle n’est pas toujours facile à décider, alors sans… La caisse à outils étant sortie, on en profite pour régler à coup de marteau et tournevis gros gabarit le guide chaine, qui est resté un peu froissé après sa rencontre avec l’un ou l’autre des cailloux de la descente Duguesclin ! Faut dire, il y en avait des gros ! Le 1 er tour se termine, il en reste 2 et j’ai déjà tapé dans les réserves. Je suis malgré tout en avance, c’est le cas de tous, mais ça fait plaisir ! Ca laisse le temps de fignoler le guide chaine, changer les gants pour des secs. Je suis arrivé bien entamé, c’est le moment de s’enfiler un coup de Raides Boules, on sait jamais… 2 eme tour ! Depuis qu’il ne pleut plus, le parcours s’est nettement amélioré ! Est ce un effet euphorisant du Raide Boules, ou bien une conjoncture favorable de Saturne dans le 1 er Ducon, bref la confiance me vient, je la trouve sympa cette grosse ! Je commence à prendre confiance, elle est à ma main, ( mais raisonnable, humain, quôa !) ! Forcément la rotation de la manetta, augmente progressivement, et ses effets érectiles en proportion ! Ca commence à devenir du manège ! Ho ! Restons calmes, uniquement dans les portions faciles, et avec grande visibilité ! Pour mettre du gaz, faut de l’air ( de l’erre ?). Mais quand même ! Faut dire, que les traces sont plus visibles, l’audace s’en ressent ! Et puis quelques brefs moment de grande solitude du type « c’coup là j’m’y met ! et/ou la vache faut pas la rayer la mob « . Mais elle est bonne fille et facile, et pardonne mes erreurs d’optimisme. On va finir par se comprendre tous les deux. Donc le moulbif est réjouissant, et le chassis pas rancunier. Ca commence à devenir une relation fusionnelle, nous deux ! Le 2 eme tour se termine sans même y faire attention avec toujours une avance conséquente, les temps impartis y sont pour beaucoup, après un passage en spéciale des plus moyens, mais là, pas de miracle, la spéciale, ça n’a jamais été mon truc. Patron, un Raide Boules pour le Fun ! Le 3eme tour, un vrai bonheur ! Je regrette de ne pas pouvoir me photographier pendant que je roule, c’est que du plaisir ! Ca y est la grosse Frida la bombe m’aime, je n’irais pas jusquà dire qu’elle a trouvé son maitre, faut pas déconner, mais je suis intimement persuadé, qu’elle apprécie . En tous cas, moi oui ! Je ne fais pas de figures, mais quand même, je joue avec le levier rotatif d’over-boost ! Le truc à droite qui bien utilisé, réduit l’espace dans le calcif ! Mal utilisé, ça produit l’effet contraire, très rapidement, aussi ! Mais bon, le moment est à l’orgasme ! Dans les beaux chemins bien dégagés avec maintenant le soleil, les traces bien nettes, un peu de mémorisation, je me régale ! J’ouvre, je la laisse partir, j’y en redonne, elle aime, moi aussi ! La bourrique glisse, je la laisse faire sa conne, va ma garce, j’va t’en foutre ! Et hop prend ça ! Dans les bouts droits, j’ai déjà un rythme au delà du nécessaire, mais pour le fun, je tourne, compte tenu du bruit derrière ( la mâtine s’exprime bruyamment, j’aime, ça me flatte l’ego…), le mur du son est passé plusieures fois, la vitesse de la lumière est explosée, les étoiles me sautent à la hure, façon Star-War ! faut juste penser à garder les pieds serrés sur les reposes pieds, because avec la vitesse et l’humidité résiduelle, des vortex se forment au bout des Sidi ! Ah que c’est bon ! Encore ! Tout ça m’amène à la spéciale, la 3ème ! Là, dilemme ! Sage ou dingue ? Faudrait quand même pas la plier à 10mn. de l’arrivée… J’opte pour sage ! J ‘ai rien à gagner , et tout à perdre. J’ai quand même faillit emplâtrer un de mes St Bernard qui voulait prendre une photo, on a frisé le gros plan avec contact, le poids des photos, le choc des motos ( ou le contraire…), avant, ou après, que j’ai faillit scratcher l’autre St. Bernard dans une double équerre, dont je n’avouerais jamais qu’elle n’était pas maitrisée et que si je suis resté sur la moto c’est purement conjoncturel, et pas possible de le refaire ! Fallait faire la photo tout de suite ! Tout ça pour grignoter quelques secondes aléatoires qui me mettent malgré tout loin des top guns ! S’en fout, quelle rigolade ! Puis les bonnes choses ayant toujours une fin, il a fallut rendre ma fiancée ! J’ai bien regardé autour moi, pas moyen de fuir avec . Dommage ! Le W.E. est quasi râpé, j’ai encore les étoiles imprimées sur la rétine, et surement pour un moment ! Donc, tout ça pour dire que finalement la 440 Maïco est une bonne machine, facile à vivre ! La salope ! Et Bonne avec ça ! J’en profite pour remercier, mon sponsor, les organisateurs, la Lozère, les copains, ceux qui roulaient, et les autres, pour ces moments rares ! Je suis déjà libre pour l’année prochaine. Michel ( bouteillemi@wanadoo.fr)